Le boulevard Tzarewitch à Nice
À Nice, des centaines de rues, avenues, places et autres boulevards. Parfois longues de quelques mètres, parfois de plusieurs kilomètres. Souvent riches d'une histoire particulière.
Voie privée jusqu’en 1982, le boulevard Tzarewitch qui relie le boulevard Gambetta à l’avenue Paul Arène est l’artère principale du quartier russe, bordé par la cathédrale russe et dominé par l’ancien grand hôtel du Parc-Impérial, reconverti en cité scolaire.
C’est dans ce quartier résidentiel où s’étendaient de vastes domaines privés que la famille impériale de Russie avait pris ses quartiers d’hiver, à partir de 1860.
De toutes les propriétés privées, la villa Bermond était, alors, considérée, comme la plus vaste et la plus fastueuse villa de ce quartier, dénommé Sainte-Catherine.
Dans le dictionnaire des rues Georges Mathiot, son auteur se lance dans un descriptif de cette propriété qui comptait, dans la première moitié du XIXe siècle, 200.000 orangers, d’innombrables serres, et englobait le Parc-Impérial, la cathédrale russe, le monument du Tzarewitch...
Le fantôme du prince héritier de toutes les Russies, Nicolas Alexandrowitch, plane d’ailleurs sur ce boulevard, devenue aujourd’hui une voie de circulation très fréquentée.
Victime d’une chute de cheval, le Tzarewitch avait longtemps souffert d’une affection de la colonne vertébrale. Fiancé à la princesse Dagmar de Danemark, il profita du séjour de sa mère, l’impératrice de Russie, Marie Alexandrovna, à Nice, dans la villa Peillon, l’actuelle clinique du Parc-Impérial (ex-Belvédère), pour venir la rejoindre.
A partir de Nice, il s’élança dans un voyage en Italie, où il tomba malade. Face à l’importance du mal, il fut transporté, le 1er janvier 1865, à Nice et installé dans la villa Bermond, louée à cet effet par la famille impériale.
Loin de s’atténuer, la maladie empira, à tel point que le Tzar et la princesse Dagmar du Danemark furent appelés de toute urgence à son chevet.
Le 24 avril 1865, le Tzarewitch devait s’éteindre. Des obsèques solennelles, réunissant les troupes françaises et russes, lui furent rendues le 28 avril 1865, avant que son corps ne soit rapatrié vers la Russie, à bord de la frégate "Alexandre Newski" ancrée à Villefranche-sur-Mer.
A la suite de ce décès, la famille impériale acheta la propriété Bermond et fit raser la villa où le Tzarewitch rendit son dernier soupir.
La légende raconte que le mausolée du Tzarewitch, contenu dans une chapelle commémorative construite en 1867, a été élevé à l’emplacement exact de sa chambre et de son lit.
Quant à la cathédrale russe, elle fut réalisée à partir de 1902 et inaugurée en 1912.
Dernier portrait de cette famille touchée par le destin: la fiancée du défunt Tzarewitch. La princesse Dagmar devint l’impératrice Marie Féodorovna, en épousant un an plus tard, le frère de son défunt fiancé, le Tzar Alexandre III…